Un nouveau regard

Expo1910

Un nouveau regard

En 1880 et 1897, Bruxelles avait accueilli deux grandes expositions localisées sur l’ancien terrain de manœuvres militaires de la ville, l’actuel Cinquantenaire. Toutefois, compte tenu de son ampleur, une partie de l’Exposition de 1897 avait déjà dû être implantée à Tervuren. Les organisateurs de l’Exposition de 1910 qui cherchaient un site plus vaste, mais situé sur le territoire de la ville, portèrent leur dévolu sur des terrains inhabités, situés le long du Bois de la Cambre, lieu privilégié de promenade des Bruxellois. Le nouveau site, annexé par la ville en 1907, permit de donner à la manifestation une ampleur inconnue jusque-là.

Inaugurée officiellement le 23 avril 1910 par le tout jeune roi Albert Ier, l’Exposition s’étendit de l’actuelle avenue Franklin Roosevelt au cimetière d’Ixelles. Des pavillons aux architectures recherchées accueillirent une vingtaine de pays, mais aussi un certain nombre de thèmes spécifiques (comme le Palais des Travaux féminins) et de nombreuses entreprises, attractions et cafés. Outre le succès de la manifestation, c’est le terrible incendie qui ravagea une bonne partie de ses bâtiments dans la nuit du 14 au 15 août qui marqua les esprits : aucune victime humaine, mais des dégâts considérables qui conduisirent néanmoins les organisateurs à reconstruire à la hâte une partie des pavillons.

Lorsque l’Exposition ferma ses portes, le 8 novembre 1910, les organisateurs avaient largement atteint leurs objectifs, certaines sources parlant de 13 millions de visiteurs. Mais au-delà de leur succès populaire, ces manifestations jouèrent un rôle essentiel dans l’expansion de la capitale et l’urbanisation de nouveaux quartiers. Comme prévu, les bâtiments de l’Exposition furent entièrement démontés mais, au début des années 20, l’avenue des Nations (rebaptisée avenue Franklin Roosevelt après la Seconde Guerre mondiale) qui en constituait l’axe principal, fut prolongée jusqu’à l’hippodrome de Boitsfort. Ceci facilita l’urbanisation de cette nouvelle partie de la capitale par le biais de prestigieuses constructions. Les terrains libres du Solbosch attirèrent aussi l’attention des autorités de l’ULB, lorsque l’université fut forcée de quitter le centre-ville.

L’Exposition de 1910 constitue donc une page essentielle de l’histoire culturelle et économique, mais aussi urbanistique de Bruxelles. Curieusement, elle n’a jamais fait l’objet d’une grande synthèse. C’est ce sujet mal connu et pourtant essentiel pour l’histoire de la capitale que les historiens de la Faculté de Philosophie et Lettres ont choisi d’analyser dans le cadre d’une collaboration originale avec leurs collègues de la Faculté des Sciences appliquées. L’objectif était de réaliser en 2010 une exposition, d’une durée de six semaines, commémorant le centenaire de cette Exposition universelle. Cette exposition permet tout à la fois de présenter au grand public, à l’aide de technologies multimédias conviviales, l’histoire du quartier où est implantée l’université et de mettre en valeur de superbes documents iconographiques tirés de collections privées et publiques. L’exposition propose un contenu, non seulement classique comme des vitrines contenant des documents et objets prêtés, des panneaux retraçant l’analyse historique de documents, mais également orienté vers l’utilisation de la 3D. À titre d’exemples, un « livre interactif » présente les différents pays et pavillons de l’Exposition, une projection permet de visualiser les plans du site au cours du temps.

Les étudiants du séminaire d’histoire contemporaine de la Faculté de Philosophie et Lettres ont étudié divers sujets en relation avec l’exposition universelle de 1910. Les résultats de leurs travaux sont utilisés dans le cadre de l’exposition de 2010.

Depuis plus de trois ans, des modélisations en trois dimensions de pavillons de l’Exposition de 1910 ont été réalisées à partir de plans et de cartes postales numérisées. Ces modélisations ouvrent la porte à la réalisation d’expériences attractives mettant en œuvre des technologies de pointe. Ainsi, à partir du modèle numérique d’un bâtiment, on peut, par exemple, présenter un modèle réduit obtenu sur une imprimante 3D ou un plan de montage d’une maquette en carton généré automatiquement par ordinateur.